
Dans la famille des mots de sens contraires, qui pioche local et mondial peut jouer sur bien des tableaux.
À Montmoreau, le jeudi 25 octobre, cette opposition de sens n’existait plus. Pourquoi ?
D’abord parce que nous étions à Montmoreau, chef-lieu de canton du Montmorélien. Un local de chez Local ! Ensuite parce que se trouvaient réunies là des personnes venues de Montmoreau, du Montmorélien, du Sud-Charente, des Charentes, de France, d’Europe, d’Amérique latine, des Caraïbes, d’Afrique, d’Asie (avec visioconférence depuis la Chine). Un mondial de chez Mondial !
Je ne reviens pas ici sur le déroulement et l’importance de cette journée. Cela a été fait par le site de la rencontre, par Charente libre (édition papier du 26, Pascal Huort), par Sud-Ouest (Didier Faucard) et sur le blog d’un des intervenants Daniel Sauvaitre, maire de Reignac, avec un « Montmoreau Valley 2.0 » qui flashe. Je m’en tiens donc à l’opposition, ou plutôt à l’absence d’opposition entre local et mondial.
Et c’est justement à cause du 2.0 déjà cité. Le Web premier état est un outil de publication et de diffusion. Exemple : charentelibre.fr, ce blog, les blogs voisins. Le Web 2.0 est un dispositif de mise en relation. Les réseaux sociaux type Facebook, Twitter en sont les exemples les plus connus.
Mais le plus riche aspect de ce Web 2.0 est de permettre de considérer toute information comme un élément à partir de quoi d’autres informations seront créées. La dimension sociale rencontre ici la capacité d’innovation. Cela, dans un vaste ensemble de participants, comme pour Wikipédia. Ou bien dans un groupe plus restreint, un laboratoire vivant, un living lab, « lieu » en prise directe avec un territoire et sa réalité sociale, où des utilisateurs du Web se retrouvent pour expérimenter, évaluer, finaliser de nouvelles idées ou de nouveaux protocoles.
À Montmoreau, ce living lab est l’Espace mobile du Sud-Charente, associé à l’Espace public multimédia du Montmorélien (EP3M) situé, dans le monde « réel », au collège Antoine-Delafont. Les actions déjà conduites et les actions engagées rassemblent jeunes et moins jeunes, semi-urbains et ruraux plus isolés, personnes et associations dans l’utilisation des technologies numériques, toujours avec une inscription claire sur le territoire.
Connecté, dans tous les sens du terme, au réseau international des living labs et à des organisations comme la Fondation des Territoires de demain, celui de Montmoreau échange, apprend, informe, évalue… Le local et le mondial sont en continuelle et fructueuse interaction. Tous les domaines peuvent être pris en compte : patrimoine, tourisme, santé, culture, économie, etc.
Un living lab n’a pas pour compétence d’exploiter lui-même le résultat de ses expérimentations. Nicolas Vauzelle, professeur au collège de Montmoreau et maître d’œuvre de cette journée du numérique, précise passer ici le relais aux élus, aux chefs d’entreprises, aux responsables associatifs, aux décideurs de tous poils.
On le voit, les potentialités sont immenses et captivantes. Comme tout ce qui relève du Web, il faut se méfier à ne pas en être justement « captifs » : les réponses et les échanges sont si fructueux qu’ils peuvent insensiblement nous conditionner quand nous croyons les maîtriser, et la puissance phénoménale des algorithmes se substituer à notre libre arbitre. Mais l’outil a toujours précédé la réflexion sur les usages de l’outil. Au local comme dans le monde.
Blogueurs de Charente et du monde entier, je vous prie d’agréer mes meilleures salutations.
La phrase du jour : « Les voici mûrs, ces fruits d’un ombrageux destin » (Saint-John Perse, Chant pour un équinoxe, Gallimard, 1975).
L’image : RAS.